TOM AVERY, EXPLORATEUR INSCRIT AU GUINNESS DES RECORDS ET PARTNER EXÉCUTIF : TOUTE UNE VIE À REPOUSSER LES LIMITES

Reconnu au UK comme l’un des explorateurs les plus accomplis de sa génération, il a établi des records aux deux pôles, retraçant avec une touche de modernité les itinéraires légendaires des grands pionniers polaires. En 2002, il devient le plus jeune Britannique à atteindre le pôle Sud à pied. Trois ans plus tard, il signe la traversée la plus rapide du pôle Nord en traîneau à chiens, répliquant l’aventure controversée de Peary et Henson (1909) et inscrivant son nom au Guinness World Records. En 2015, un deuxième record s’ajoute à son palmarès : la traversée du Groenland d’est en ouest la plus rapide jamais réalisée, exploit qui fait de lui l’un des 9 seuls aventuriers à avoir atteint ce « troisième pôle ». Il a reçu de prestigieuses distinctions comme la médaille du mérite de l’Explorers Club, a été ambassadeur officiel aux Jeux olympiques de Londres en 2012 et a récolté, grâce à ses expéditions, plus de 100 000 £ pour des œuvres caritatives, principalement The Prince’s Trust.

L’esprit d’aventure de Tom s’étend au-delà des cercles polaires. En 2009, il crée Verbier Exclusive, une société de gestion de chalets ultra haut de gamme qui redéfinit l'expérience du ski dans les Alpes suisses. Acquise en 2023, Verbier Exclusive est désormais l’un des piliers du groupe Eterniti et continue d’incarner une hospitalité d’exception fidèle à la vision d’excellence portée par son fondateur. 

Tom, votre nom est associé à certaines des expéditions les plus ambitieuses du XXIe siècle. D’où vient cette passion pour l’aventure au sens large ? Qu'est-ce qui vous a initialement attiré vers les environnements les plus hostiles de la planète ?

À 7 ans, j’ai lu l’histoire du capitaine Scott, un explorateur britannique. J’ai été fasciné par ce récit héroïque dans un monde glacial, sauvage, mais aussi d’une beauté envoûtante. Enfant, j’adorais déjà la neige, et il y avait quelque chose de profondément romantique dans cette histoire qui a nourri mon envie de voyager même si elle s’est terminée tragiquement. Dès lors, aussi étrange que cela puisse paraître pour quelqu'un d'aussi jeune, j’ai su que ma vie ne serait pas complète sans suivre, un jour, les traces de Scott jusqu’au bout du monde.

Pourriez-vous nous livrer l’un de vos souvenirs d’explorateur les plus marquants ?

Sans aucun doute, l’instant où j’ai atteint le pôle Nord. Visuellement, cela ressemblait à toutes les autres zones glacées de notre traversée de 37 jours sur l’océan Arctique, à savoir un enchevêtrement de glace marine vieille de plusieurs années. Mais là, à cet endroit précis, nous étions exactement à 90 degrés nord. Quelle que soit la direction que nous prenions, nous étions plein sud, il n'y avait plus ni est, ni ouest, ni nord. Toutes les lignes de longitude convergeaient sous nos pieds. C’est un endroit unique au monde, au sens littéral du terme. Nous nous trouvions dans tous les fuseaux horaires à la fois ! Et ce qui rendait ce moment encore plus fort, c’est que, contre toute attente, nous venions de battre de 4h seulement le record établi près d’un siècle plus tôt par Peary. Au passage, nous avions prouvé que ses détracteurs avaient eu tort et confirmé qu'il avait bel et bien dû être le premier homme à réussir cet exploit. 

Robert Peary donc, explorateur légendaire et inspirant s’il en est. Comment avez-vous vécu le fait de marcher sur ses traces ?

Ce fut une expérience tout à fait unique. Nous avons quitté son camp de base historique, au cap Columbia, sur la côte nord de l’île d’Ellesmere. Nous avons même retrouvé une pancarte qu’il avait laissée là, presque 100 ans auparavant, ainsi que de vieilles boîtes de conserve rouillées. Il y avait quelque chose de surréaliste. Voyager comme lui, avec d'incroyables chiens esquimaux canadiens… je n'oublierai jamais. Nous pouvions sentir sa présence à chaque pas. Ce lien avec l’histoire, avec ces figures emblématiques du passé, a toujours été l’un de mes moteurs les plus puissants lors de ces expéditions.

Ces aventures extrêmes requièrent une endurance physique hors norme mais quel est le rôle de la résilience mentale dans leur réussite ?

La clé, c’est le mental. Bien sûr, la force de chacun, sa condition physique est cruciale mais c’est dans la tête et non dans la matière que tout se joue. Par exemple, lors du voyage vers le pôle Sud, il m’est arrivé de marcher pendant des jours sans le moindre repère. Par temps couvert, on a l’impression d’avancer les yeux bandés pendant 10h d’affilée. On aurait une taie d'oreiller sur la tête que ce serait exactement pareil. C'est extrêmement rude et déstabilisant, il y a mille raisons de se sentir miné. Le froid est intense et l'être humain n'est tout simplement pas fait pour supporter de telles conditions. Mais il faut apprendre à se concentrer sur les aspects positifs. Malgré les difficultés, je me rappelle la chance que j’ai d’être là, dans un endroit que très peu de gens verront un jour. C'est un vrai privilège de pouvoir voyager dans ces contrées sauvages encore intactes. Et puis, pour ma motivation personnelle, je me dis que je n’aurai probablement qu’une seule occasion de relever ce défi. Alors je donne tout.

Vous êtes ensuite passé d'explorateur de l’extrême à entrepreneur à succès en fondant Verbier Exclusive en 2009. Comment s’est opérée la transition ?

C’est venu naturellement. J’avais découvert Verbier et étais tombé sous son charme 10 ans plus tôt alors que j’y travaillais un hiver comme chauffeur et guide. J’y suis ensuite retourné régulièrement, chaque année, pour m’entraîner pour des expéditions ou pour écrire. C’est devenu ma deuxième maison. Lorsque ma femme et moi avons appris que nous attendions des jumeaux, j’ai compris qu’il me fallait un mode de vie plus stable et moins risqué. L’exploration, qui occupait encore une grande place dans ma vie, est alors passée au second plan, au profit de cette nouvelle aventure entrepreneuriale liée au voyage.

À première vue, exploration polaire et hospitalité haut de gamme semblent aux antipodes, mais toutes deux demandent un sens aigu du détail. Existe-t-il, selon vous, d’autres points communs insoupçonnés entre ces deux mondes ?

Absolument. Les expéditions polaires comme la gestion d'une entreprise reposent avant tout sur le travail d'équipe, et les parallèles sont nombreux. Dans les deux cas, le plus important est de s’entourer des meilleurs puis de leur donner les moyens d’agir. Que ce soit sur la glace, au bureau en Angleterre ou sur le terrain à Verbier, nous faisons constamment face à l’adversité, prenons des décisions collectives, surmontons des obstacles et nous soutenons les uns les autres. L’esprit de camaraderie, savoir s'amuser est essentiel ; et célébrer les victoires - qu'il s'agisse d'arriver au sommet d’une montagne, de rejoindre un pôle ou de réussir une opération d'envergure en affaires - est incroyablement gratifiant. Dans l’exploration comme dans l’hospitalité haut de gamme chez Verbier Exclusive ou Emerald Stay/Groupe Eterniti, l’énergie collective est contagieuse et je me sens très chanceux d’évoluer au sein d’équipes aussi extraordinaires.

Enfin, si vous deviez vous lancer dans une dernière grande aventure, quelle serait-elle ?

On me demande souvent si je veux gravir l’Everest. Bien que j’éprouve une immense admiration pour celles et ceux qui l’ont fait, cela ne m’attire pas particulièrement. Ce que j’aime, c’est m’évader vers l’inconnu, les zones encore inexplorées, les monts invaincus. Les régions polaires restent parmi les rares endroits véritablement sauvages et désertiques. J’ai aussi eu la chance de traverser les trois grands océans du monde - le Pacifique, l’Indien et l’Atlantique - un rêve d’enfant devenu réalité. Cela dit, ma prochaine épopée devrait être bien plus proche de chez moi. Le Mont Blanc m’a déjà résisté trois fois et l’idée d’atteindre enfin son sommet, en hiver, à skis, me fait rêver. Il ne me reste plus qu’à me remettre en forme !